La forme verte se glisse hors de la forêt et avance en produisant un claquement régulier. L’être semble être entouré de deux appendices en bois de grandes tailles. Le frappement se fait plus fort et maintenant on peut également entendre le son de sa voix réciter les mélopées magiques de son peuple. Ces chants, ténébreux et profonds, composés d’une seule syllabe ; une syllabe gutturale et effrayante : Aïe…Aïe…Aïe…
Bonjour nobles voyageurs de Kalamaï,
Je me nomme Eredhwian Vénérable de Lowuyar, de la race des Anciens.
Et, à mes moments perdus, je pratique la sorcellerie.
Comment ? Vous m’avez entendu arriver ?
Oui, forcément avec mes béquilles je passe beaucoup moins inaperçu qu’avant.
Enfin, je ne me plains pas, mon sort aurait pu être bien pire.
Que m’est-il arrivé ?
Eh bien figurez-vous que je vous ai rencontré, ou plutôt que vous m’avez percuté.
En effet, il y a quelques semaines de cela, j’avais décidé d’aller faire un petit tour au nord de notre belle province et, au vu de la journée splendide qui s’annonçait, je m’étais installé au bord d’une belle petite crique pour profiter du paysage. Bien sûr, comme vous pouvez vous en douter, je m’y endormis.
Quelle ne fut pas ma surprise de me réveiller en sursaut, après un somme inachevé, pour me rendre compte que l’agitation générale qui m’entourait, émanait de deux armées face à face. Cet épisode n’aurait pu rester qu’une anecdote banale, mais il se trouve que mon lieu de sieste était malencontreusement situé au beau milieu du champ de bataille et que mon réveil était le moment qu’avaient choisi les généraux pour lancer la charge.
Prenant mon courage à deux mains et face à de telles forces en présence, je décidai de…fuir !! Fuite avortée brutalement puisque après avoir évité quelques dizaines de liches, esquivé quelques centaines de nagas et plongé pour échapper au piqué d’une nuée de griffons, je ne vis malheureusement pas le dragon qui inéluctablement devait s’écraser sur moi quelques secondes plus tard.
Ce n’est que lorsque le seigneur Laethil vint inspecter les restes de l’armée adverse qu’on m’extirpa de sous la créature volante et qu’un guérisseur fut mandé pour me dispenser les premiers soins. Laethil m’expliqua alors la situation et ce n’est qu’à ce moment que je compris enfin ce qui m’était tombé sur la tête (au propre comme au figuré). J’avais été pris au milieu d’une lutte entre armadas : la guerre entre Lux tenebris et les Voyageurs de Kalamaï !!
Ma convalescence, une période certes pénible, m’ayant permis de continuer à discuter avec le sieur Laethil, ce dernier m’a fait l’éloge de votre armada. Et, c’est pourquoi je me présente devant vous aujourd’hui pour vous faire part de mon envie d’être des vôtres.
Le sorcier s’assied, posant ses béquilles à côté de lui, et attend patiemment le verdict des Voyageurs qui l’entourent.